Ce projet cherche à provoquer. Il invite à remettre en question les récits hérités, à repenser la figure de la mère, non pas comme une martyre, mais comme une créatrice, une révolutionnaire et une ancêtre vivante. Le corps, territoire marqué par l'histoire, est un autel et une dénonciation. C'est sur la peau de la mère, dans la mémoire de l'abandon, que résonne le poids de la colonisation. Elle porte en son sein la solitude de l'absence, mais aussi la force viscérale d'une ascendance qui ne plie pas.

Elle danse entre ombre et lumière, exposant la puissance d'un corps qui, même rejeté, crée. Sa marche est un acte politique, son existence est une spiritualité sauvage, une liberté qui jaillit du silence et féconde la terre.

Dans l'espace de la performance, la maternité dépouillée de toute idéalisation se révèle dans toute sa complexité : le détachement de la mère qui part, la force de la fille qui crée. Il n'y a pas de victimes ici, seulement des corps qui deviennent des histoires, des histoires qui deviennent des sols. La douleur, autrefois un poids, se transforme en mouvement ; ou abandonnée, en terreau fertile.

Chaque geste est une invocation à la déesse et à la femme entière dans sa dualité. C'est une terre qui porte des cicatrices mais qui ne cesse de germer.

La scène devient un rite. De la terre éparpillée sur le sol, des empreintes, des traces d'un voyage, d'une liberté qui déchire les tissus du patriarcat, d'une résistance qui se manifeste dans l'intime et le collectif.